La colère des ombres

 

Sur la terre vidée, de sa chair, de sa vie,
Il nous faudra un jour affronter seuls et sombres,
Le silence absolu, l’irrévocable avis
De tout ce qui vécut : la colère des ombres.

 

Le vent imitera, minéral et cruel,
De son cri déchiré sur un rocher stérile,
Le feulement félin, féroce et sensuel,
Du tout dernier guépard, de sa gorge fragile.

 

Les larmes de ses yeux, noires comme sa mort,
Auront coulé sur terre où seuls restent les hommes ;
Sur nos mains fatiguées, tremblantes de remords ;
Sur les drapeaux flétris de nos anciens royaumes.

 

Comme l’arbre pleureur qui confondait le bas
Et le ciel où sa branche aurait dû vouloir vivre,
Nous avions pris l’or, l’argent et nos sabbats,
Pour le feu du soleil, mais ils n’étaient que givre…

L'arbre qui chuchotait

 

Le bonhomme était là silencieux et assis,

Contre le tronc d'un chêne à l'écorce de liège,

Le cul dans l'herbe verte en guise de seul siège,

Pour unique bagage un bout de pain rassis.

 

Le bonhomme était vieux et pas un mouvement,

Ne venait attester de son appartenance,

Au monde des vivants et son teint de faïence,

Me fit craindre pour lui, je toussais prudemment.

 

Une fois et puis deux  et puis son œil s'ouvrit.

Un regard étonné, une ombre de reproche,

Puis d'une douce voix, il me dit : viens, approche.

Je m'en voulus d'éteindre un peu sa rêverie.

 

Assied toi, fais silence, et écoutes le donc.

Il te racontera sa vie et ses histoires;

Celle du monde aussi bien mieux que tes grimoires

Et des amants voyant en lui un Cupidon.

 

Le bonhomme était fou mais quand même j'ôtais,

Mon sac et m'asseyais dans l'ombre millénaire.

Et soudain j'entendis, douce comme une mère,

Une voix dans le vent et l'arbre chuchotait…

Mon frère qui viendra 

 

Toi mon frère qui viendra 

Fouler un jour cette terre

Qui parait-il est à moi

  

Ce ne sont pas les couleurs 

De tes cheveux de ta peau

De tes yeux voyant le ciel 

 

Et ce n’est pas le prénom 

De ton père ni celui

Qu’il avait choisi pour toi

 

Et ce n’est pas de savoir

Si tes ancêtres marchaient 

Sur le sable ou bien la neige

 

Qui un jour feront cet homme

Bien meilleur que je ne suis

Toi mon frère qui viendra


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