Roman d'Héroïc Fantasy, médiéval fantastique, éditions édilivre

Extraits

Extrait les portes d'Opale - roman d'Héroïc Fantasy

Igris

Igris s'était assis sur le rebord d'une fenêtre, dans un chaud rayon de soleil. Les voyageurs étaient repartis depuis de nombreuses heures, mais il sentait bien que tout n'était plus comme avant. Devant lui, au centre de la pièce, Éléore s'agitait. Debout, les bras en croix, elle hurlait ou susurrait tour à tour ses incantations magiques. Telle une araignée dans l'ombre d'un mur, elle tissait d'invisibles et meurtriers filets.

Dressé haut sur ses quatre pattes, les griffes à demi sorties, le pelage et la queue hérissés, les oreilles retroussées et plaquées contre sa tête, Igris se leva. Lentement, sans quitter sa maîtresse du regard, il se dirigea vers le fond de la pièce et se glissa, ventre à terre, sous la plus massive des armoires, ne laissant plus dépasser de l'obscurité que les reflets de ses yeux attentifs.

Éléore tremblait de peur. Elle avait laissé partir sa chère Lydie, la Reine et leurs deux compagnons, en essayant de les rassurer, mais savait parfaitement qu'elle n'était pas de taille à faire face. Elle n'était qu'une simple sorcière de village, certes d'expérience, mais elle sentait approcher Iglor, le sorcier au service de la couronne d'Hérédie. Elle ne l'avait encore jamais vu, mais connaissait sa réputation, la puissance de ses enchantements et sa férocité sans borne. Ses propres sortilèges ne le retiendraient pas longtemps. Tout en attendant Iglor, Éléore essayait de comprendre le sens de sa propre prophétie. Qui était donc cette personne en qui ils auraient toute confiance et qui tenterait de les frapper? Pourquoi n'avait-elle donc pas réussi à voir son visage? Soudain Éléore eût peur de comprendre...

Igris laissa échapper un feulement de colère. L'homme qui venait d'entrer apportant avec lui son aura maléfique, déclencha dans sa cervelle féline un vieux réflexe de terreur. Il lui fallait à tout prix fuir cette pièce où il se sentait pris au piège. Il jaillit de sa cache et bondit sur la silhouette maigre, emmitouflée dans une large cape noire. Igris, toutes griffes dehors, n'avait qu'un but: les yeux qui se cachaient dans la zone d'ombre de la large capuche rabattue sur la tête du sorcier. Mais les armes d'Iglor le maudit étaient bien plus terribles et meurtrières que les canines des chiens auxquels Igris avait pris l'habitude d'échapper. Une boule de feu enveloppa le chat et explosa en plein vol, éclairant pour un bref instant le visage décharné, aux deux yeux blancs depuis déjà longtemps crevés. Cet impossible regard se tourna vers Éléore.


extrait Les portes d'opale - roman d'Héroic fantasy

Extrait chapitre 4

Le bruit de nos bottes résonnait sur le sol et les voûtes des couloirs plongés dans la pénombre et le silence. Sans plus y réfléchir nous pénétrâmes tous dans la chambre où nous avions laissé Éléore; mais la chambre n'existait plus. Au dessus de nous, dans un ciel jaunâtre, un énorme soleil agonisant dardait ses derniers rayons. Il n'y avait plus de murs, ni de portes. Même celle que Lydie venait de claquer derrière nous n'existait plus. D'un horizon à l'autre s'étendait le désert de pierrailles d'un monde mort depuis longtemps. Pas une seule montagne ne se détachait nulle part de ce paysage trop plat. Seuls, de ci de là, quelques rochers à peine plus hauts que les autres tentaient encore de défier la mort, se tendant faiblement vers le ciel pour un dernier cri. A notre gauche, raide comme un piquet, les yeux ouverts, se trouvait Sophie, prisonnière d'un halo bleuté. A droite, c'est un Guilhem ensanglanté qui luttait avec ses dernières forces, contre un monstre reptilien de deux fois sa taille. Sa forme générale était presque humaine, mais sa peau verte était recouverte d'écailles et ses bras trop longs se terminaient par des mains à six doigts, pourvus de griffes grosses comme des dagues. Sa tête massive contrastait avec sa longue gueule de gavial qui en s'ouvrant laissait voir deux cruelles rangées de dents acérées. Épuisé, Guilhem avait le plus grand mal à se mouvoir et à manier sa légendaire Gaâlathée. La patte du monstre passa sa garde et l'atteignit au torse, l'envoyant rouler inanimé à plusieurs mètres.

Pendant ce temps, dégainant nos propres armes, nous nous étions approchés. La gueule de gavial se retourna, la bête nous vit et ce monde disparut. Devant nous, entre les murs familiers et rassurants du château de Tark, Éléore souriait face à nos lames.
- Lydie, mes amis, que vous arrive t-il? Pourquoi ces armes?


extrait Les portes d'Opale - roman Héroic Fantasy

Extrait Rénard et Alysia

- Hé compagnons! Appela Rénard.
Tous les marchands de la Guilde, occupés à démonter le camp, se retournèrent à l'appel de leur chef.
- Vous n'avez pas vu la petite?
On pensait qu'elle était avec toi, lui répondit Bertrand, un jeune caravanier au visage poupin.
- Qu’est ce qui s'est passé, lança goguenard Le Chauve, vous avez eu une dispute conjugale? Rénard le foudroya du regard à l'évocation de cette plaisanterie douteuse, dont le thème s'était largement développé depuis qu'Alysia avait refusé de dormir ailleurs que sous sa tente. Plus diplomate que son aîné, le jeune Bertrand enchaîna rapidement:
- Qu’est-il arrivé?
- Elle dit que le sorcier de Tark lui a parlé dans son sommeil et l'a appelée au secours. Cette nuit, lorsque je me suis aperçu de son absence, j'étais sans doute trop fatigué pour m'en préoccuper. J'ai seulement pensé qu'elle était allée bouder dans un coin.
- Où penses-tu qu'elle aurait bien pu aller toute seule? demanda prudemment Le Chauve.
- Je n'en suis pas très sûr, mais elle a la tête encore plus dure que ton vieux caillou lisse. Elle est capable de descendre vers la Calicie, pour aller délivrer Tark à elle seule!
- Vaste programme...
- Comme tu dis! Si elle bien partie cette nuit vers la vallée, le premier village qu'elle atteindra vers midi sera Karyon.
- Et Karyon, poursuivit Le Chauve est un nid de soldats Hérédiens. Il nous faut donc la rattraper avant midi...
- J’irai seul, le coupa Rénard.
- Es-tu fou?
- Comme tu me l'as rappelé toi même, je n'ai pas le droit de risquer la vie des caravaniers par des décisions hasardeuses qui ne seraient pas uniquement guidées par l'intérêt supérieur de la Guilde. Or le devenir d'Alysia n'entre pas dans cette catégorie.
- Laisse au moins venir quelques uns d'entre nous, insista Bertrand, nous sommes certainement tous d'accord pour qu'il en soit ainsi.
- Moi en tout cas je ne suis pas d'accord. En attendant mon retour, je pense que Le Chauve fera un excellent chef de guerre. Ce n'est bien sur que mon avis et c'est à vous d'en décider.

Rénard harnacha en toute hâte sa monture et quitta le camp au milieu des murmures et des regards désapprobateurs. Il ne lui restait que quelques heures pour rattraper Alysia et l'empêcher de commettre quelque irréparable folie.
" Petite peste! Cette nuit je n'avais pas plus sommeil qu'un ours au printemps. Je vais te faire ravaler tes maudits sortilèges et je te garderai bâillonnée jusqu'à ce que je puisse me débarrasser de toi."
A cette pensée il éclata de rire et cravacha son cheval de plus belle.

Le soleil était presque au zénith lorsqu'il aperçut enfin Alysia. Le chemin descendait tranquillement vers la vallée en larges lacets caillouteux, vers la plaine de la Calicie. L'air s'était déjà empli de cette douceur, anormale au beau milieu des monts d'Irinie, mais qui faisait depuis toujours la richesse et la célébrité de cette vallée bénie des dieux.
Alysia ne l'avait pas encore vu, mais face à elle venaient à pied quatre soldats hérédiens. Rénard, sans hésitation, lança au galop son petit cheval. Les hérédiens reconnurent instantanément la monture typique des gens de la Guilde et sortirent leurs armes. Alors qu'il était encore loin, une flèche siffla aux oreilles de Rénard. Il se pencha, mais un second trait atteignit sa monture à l'encolure. Il eût le réflexe de sauter et évita ainsi d'être pris au piège sous la masse du cheval agonisant. Malgré cela, avant même qu'il ne se relève, les Hérédiens, qui avaient dépassé Alysia sans même lui prêter attention l'entouraient. L'archer du groupe avait engagé une nouvelle flèche dans son arme et la tenait pointée sur la poitrine de Rénard.
- Je ne suis qu'un modeste marchand, mon cheval s'est un peu emballé et ...
Pensez donc, fit l'un des hommes, un modeste marchand! Tu tombes parfaitement bien l'ami, toi et tous ceux de ta maudite Guilde, on commence à en avoir assez. Jélak, débarrasse nous de celui- ci et vise à la gorge, son cheval semble avoir beaucoup apprécié!

Le rire des soldats fut rapidement couvert par les bourdonnements d'un essaim d'énormes insectes bleu-noirs, longs comme un doigt, mais deux fois plus larges. Rénard les entendit à ses oreilles; alors qu'il battait des mains dans une tentative dérisoire pour les chasser, plusieurs d'entre eux passèrent suffisamment prés pour qu'il puisse sentir les déplacements d'air provoqués par leurs ailes sombres; d'autres encore frôlèrent son visage.
Les Hérédiens s'égaillèrent, hurlant comme des fous, mais ils s'écroulèrent raide-morts à moins de vingt pas de Rénard. Les insectes se rassemblèrent, formant un nuage sombre et mouvant, aux reflets bleu marine, et disparurent comme ils étaient venus. Rénard s'approcha d'un corps et le retourna du pied: le visage, les avant-bras et les mains étaient tant recouverts de cloques et de pustules qu'ils avaient doublés de volume; la peau distendue avait pris la couleur de la cendre. Rénard, pourtant habitué à contempler la mort, se détourna écœuré.

Alysia, comme si rien n'était arrivé, avait repris sa route. Rénard la rattrapa.
- Tu es devenue folle!? Des frelons bleus! Une seule piqûre de ces bestioles suffit à tuer un bœuf! J'ai déjà vu des sorciers expérimentés jouer avec un ou deux de ces monstres, mais tout un essaim!! Ils auraient tout autant pu nous piquer, comment pouvais-tu être sure de tous les contrôler!?
- Je ne sais pas, c'est la première fois que j'essaie...
- Par tous les dieux!
- Et puis je t'ai rien demandé, si tu n'étais pas venu, il ne se serait rien passé.
Rénard ne répondit rien.
- Au lieu de crier, tu pourrais peut-être me remercier. Après tout mes petits amis t'ont sauvé la vie, poursuivit-elle en assortissant la fin de sa phrase d'un sourire malicieux.
- Bon d'accord, tu ne m'as rien demandé, tu viens de me sauver la vie et je t'en remercie, tu es contente?
La jeune fille se contenta de hausser les épaules.
- Allez maintenant on rentre, on est à pied et ... Mais où vas-tu?
- Toi tu rentres si tu veux, moi je continue.
- Tu comptes aller où comme ça? s'emporta Rénard.
- A Tark.
- A Tark? Rien que ça!?
- Je te l'ai dit. Cette nuit le sorcier de Tark m'a appelé au secours ...
- Il m'a appelé au secours, il m'a appelé au secours, ânonna Rénard la voix cassée de colère. Il m'a appelé au secours, tu n'as que ces mots à la bouche. Par l'Épée, soit raisonnable!
- Recommence pas à crier et arrête de répéter tout ce que je dis. Je t'appartiens pas, j'irais où je veux!
- Maudite enfant, et comment feras-tu?
- Je vais chercher le roi d'Hérédie et je vais lui voler son talisman. C'est la seule chose à faire.
- C’est en effet la meilleure solution! Rien que pour voir ça ...


extrait du roman d'Héroïc Fantasy - Médiéval Fantastique - Editions Edilivre - Auteur Christian Gastou

Livre II - Le Temple de la mer de cristal

Chapitre 3

.../...

Un peu en avant de l'Asaïrien, l'eau se mit à bouillonner. Nous entendîmes des bulles d'air crever la surface. Le phénomène se reproduisit en plusieurs points tout autour de nous. Puis comme des gratte-ciel qui sortiraient du néant, cinq colonnes de chair jaillirent du marais. Le premier sursaut de peur passé, nous reconnûmes des mains géantes et monstrueuses, dégoulinantes d'eau et de boue. Les doigts écartés, comme les serres d'un oiseau de proie, elles s'approchèrent pour nous saisir. Les bases des poignets géants se perdaient dans les nappes de brume et la surface des marécages, mais elles se déplaçaient avec plus d'aisance que nos montures, gênées par le terrain fangeux.

...

Les portes d'opale - roman d'Héroïc Fantasy, médiéval fantastique - 235 pages - parution avril 2022

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